

Mon top 5: NUMBER 1) L'exploration inversée, de Jean-Marie Barrère et Marc Dozier. Il y a du Bienvenue chez les Ch'tis dans ce docu, mais à l'échelle française. Du Visiteurs aussi, des temps modernes. Le principe: un Français qui vit depuis longtemps chez les Papous décide de les emmener en France, pour une exploration inversée. Il les traîne dans un château de nobles prout-prout en Dordogne, puis le lendemain dans une cité HLM du Havre. Ils goûtent à la gastronomie française, notamment les huîtres. Ils découvrent aussi, entre autres, comment on traite nos bêtes d'élevage (dans une porcherie bretonne), nos enfants (à l'école), nos anciens (dans une maison de retraite (initiales "mdr" dans mes bloc-notes!) ou encore nos morts (au travers d'un magasin de pompes funèbres). Avec des conclusions souvent drôles et toujours fines. C'est léger, enlevé, rythmé. Franchement, à 20h50 sur TF1, avec une belle promotion, je suis persuadé que ça cartonnerait. Avis à Laurent Storch, directeur des programmes de la première chaîne.

NUMBER 2) Retour sur Ouvéa, de Mehdi Lallaoui. Nouvelle-Calédonie, le bordel en 1986, les accords de Matignon: voilà ce qu'il me restait de mes leçons d'histoire à propos de cet épisode récent de l'histoire "française". A-t-on tout dit en disant ça? Certainement pas. Medhi Lallaoui le prouve magistralement avec ce docu extrêmement documenté et bien monté. A voir pour savoir ce qui se cache derrière cette sombre histoire. On dit souvent que les cours d'histoire zappent la guerre d'Algérie, la colonisation et tout ce qui porte atteinte à notre chère République. Alors qu'honnêtement, je n'ai pas du tout l'impression que mes profs d'histoire aient "oublié" de nous en parler. En revanche, la cause des Kanaks m'est passée complètement au travers, peut-être parce que cela ne concerne pas les politiciens d'hier, mais ceux d'aujourd'hui, et que leur lutte n'a pas encore trouvé de point final. D'où l'intérêt de comprendre ce qui s'est passé sur Ouvéa, cet île de Nouvelle-Calédonie, du 22 avril au 5 mai 88, en pleine présidentielle Mitterrand vs Chirac. Tout a commencé par une opération symbolique des nationalistes kanaks pour occuper une gendarmerie et hisser le drapeau kanak à la place du drapeau français. Ils veulent protester contre la loi Pons (du nom du ministre de l'Intérieur de l'époque), qui annihile toute velléité indépendantiste et qui devait être soumise par référendum à la population le même jour que la présidentielle (un bon moyen d'être sûr que tous les militaires et autres Français de souche installés sur l'urne ne bouderont pas les urnes). Les gendarmes sont dépassés et pris de panique, ils commencent à tirer en l'air. Les Kanaks dégainent à leur tour et l'opération vire au drame: trois gendarmes sont tués par balles. Les nationalistes prennent le reste des militaires en otage et se séparent en deux groupes. L'un part au sud de l'île. Comprenant l'impasse de la manoeuvre, les Kanaks libèrent les otages. L'autre groupe part au nord de l'île et s'installe dans une grotte. Commencent des négociations entre des policiers du GIGN et les preneurs d'otages. Le 5 mai 1988, le gouvernement Chirac, à la demande de Bernard Pons et avec l'assentiment de François Mitterrand, déclenche l'opération "Victor". Cette opération permet la libération des gendarmes retenus en otages. Au prix de la mort de 19 preneurs d'otages et 2 militaires. L'intérêt du docu, c'est d'avoir interrogé plein de protagonistes de l'époque, à commencer par des preneurs d'otages. Où l'on entend Bernard Pons affirmer une chose, et juste après un ancien policier du GIGN dire son contraire. Ce témoignage est particulièrement intéressant car ce policier affirme que les négociations avançaient bien et que c'est pour des raisons politiciennes que l'assaut armé à été ordonné, les politiques de l'époque craignant que cette prise d'otages ne pèse sur les résultats de la présidentielle. Autre problème souligné: certains militaires qui ont mené l'assaut ont été "zélés", n'hésitant pas à tuer des Kanaks à terre et sans défense. Ce qui a fait passer ces preneurs d'otages, aux yeux d'une partie de la population Kanak, pour d'héroïques combattants de la liberté. S'ensuit la signature des accords de Matignon, sous le gouvernement Rocard, pour ne pas trop sortir par le bas de cette tragédie. Du donnant-donnant: les preneurs d'otages sont amnistiés en même temps que les militaires, un protocole est mis en place vers un référendum d'auto-détermination, qui devrait se dérouler dans les années à venir. Dernier problème: les Kanaks sont devenus minoritaires sur leur propre île, à cause de l'installation successive de couches de populations françaises "de souche". Y a pas qu'en Géorgie ou dans les Balkans que certaines minorités ont du mal à se faire respecter.

NUMBER 3) Fear Na Noilean, de Fear Na Noilean, de Loïc Jourdain. Tory island, un bout de caillou de 5 km sur 1 km à 9 miles de la côte nord-ouest de l'Irlande. 150 habitants résistent encore et toujours aux conditions assez extrêmes. L'insularité, la vraie, bien loin des clichés palmiers, sable fin, tropiques. Ici, il faut lutter pour vivre, travailler, manger. Le documantaire raconte comment le gouvernement irlandais, pour décourager les habitants, avait choisi, dans les années 70, de ne pas investir sur cette île, coupée du monde et sans électricité. C'était jusqu'à l'arrivée d'un prêtre grande-gueule, Diarmuid O Peicin, en 1980. Il a médiatisé l'île de Tory jusqu'au Parlement européen et même Washington. Il vient de mourir. Le réalisateur, présent sur Groix, expliquait qu'à la fin de sa vie, il regardait le film tous les jours. Ce docu lui rend en tout cas un bel hommage.

NUMBER 4) United Africa, d'Olaf de Fleur. C'est le genre de docus qui rappellent à bon escient ce que peut être le sport, et particulièrement le foot. Une belle aventure collective, une histoire d'amitié et de volonté pour atteindre un but commun, la victoire. On est bien loin des enfants de la balle surpayés, chouchoutés et individualistes du foot pro moderne. Le docu suit la saison d'une équipe islandaise. Particularité: elle se compose uniquement d'immigrés. Au départ, ils se prennent des branlées avec des scores qui rappellent davantage le baby-foot. Ca gueule sur les arbitres, ça se frictionne au sein de l'équipe, ça se fissure de tous les côtés. Et puis, en resserrant les boulons en fin de saison, avec le couteau sous la gorge, l'équipe se sauve in extremis d'une descente qui lui semblait promise. Tout ça est bien emballé, rythmé, décapant.

NUMBER 5) Cuba, l'art de l'attente, d'Eduardo Lamora. C'est un exilé cubain qui revient sur son île, dans sa famille, chez les siens. Il avait profité d'un voyage à l'étranger pour prolonger son infidélité à Fidel. Mais ce n'est pas son déracinement qu'il raconte, mais son bref retour au pays du cigare. Avec poésie, grâce et élégance. Lamora donne de quoi faire aimer Cuba et détester son régime.






































































